Intuition

L’intuition

Cette fois je délaisse un peu les photos de montagne ou narration de courses alpines pour essayer de faire un point sur quelque chose que chaque alpiniste, skieur ou aventurier en tout genre évoque régulièrement quand on le questionne sur certaines sorties, j’ai nommé :  l’intuition.

Oulala, sujet tabou, qui peut prêter à sourire ou se faire traiter de mystique si ce n’est pas de doux dingue.

Cependant l’histoire foisonne d’anecdotes de grimpeurs qui, devant une grande pente de neige vierge ou encore face à une paroi qui semblait infranchissable trouvèrent une réponse « au feeling ».  

« L’itinéraire doit passer derrière ce dièdre, c’est sûr », pourtant rien n’indique objectivement que c’est le cas. De manière surprenante nous arrivons parfois à sortir une solution hors d’une logique prédictible.

C’est ce que nous appelons communément « faire confiance à son intuition ».

 

Mais qu’est-ce que cela peut bien signifier ?

 

Le philosophe Schopenhauer y voit la marque des œuvres de génie, pour Descartes c’est ce qui permet –avec la Raison- d’atteindre la Vérité. Einstein, lui, la définit comme « une sensation du bout des doigts ».

Pour le commun des mortels c’est cette sensation de certitude fulgurante qui semble hors du champ de toute pensée construite et cohérente.

Il faut bien évidemment se méfier de ne pas la confondre avec l’expression d’un désir ou une volonté de plier la réalité à ses envies. Mais aujourd’hui les neurologues et neuropsychologues semblent s’accorder à dire que nous avons cette « intelligence d’adaptation ».

Ainsi nous posséderions en notre fort intérieur cette capacité à être inconsciemment compétent et, fait nouvellement accepté, cela pourrait vraisemblablement se travailler, même si cette faculté est directement liée au caractère et à la personnalité de l’individu.

En montagne, l’alpiniste ou le skieur cumulant des expériences diverses et variées s’entraîne – plus ou moins consciemment - à envisager une multitude d’éléments observables.

Ce faisant il nourrit son inconscient et augmente le volume de sa banque de données sensorielles. Ce potentiel interne se construit lentement et il est indispensable de lui donner une épaisseur qualitative. Ensuite nous devrons être capable d’entrer en empathie avec l’autre et/ou avec notre environnement. Puis il sera indispensable d’écarter trois freins : la négativité, le manque de confiance en soi et l’hyperrationnalisme.

Lorsqu’enfin l’on parvient à se mettre ainsi en situation d’écoute, débarrassés de sentiments parasites comme l’envie, le désir, l’angoisse… on pourra alors accueillir nos intuitions en confiance et écouter notre petite boussole interne.

Alors quelles pistes pour nous ouvrir à l’intuition ?

  • Croire en l’intuition : face aux systèmes rationnels soyons convaincu que l’intelligence intuitive existe.
  • Pratiquer la detox sensorielle : dans une société ultra stressante, de repas rapides en RedBull pour tenir le coup apprenons à prendre soin de nous au cours de vrais moments de détente, Lâchons prise et acceptons ce qui vient , sans jugement.
  • Ecoutons notre corps : les anglais appellent ça le « gut feeling » littéralement la sensation des tripes. Notre corps est un récepteur, une interface. Il faut savoir l’écouter et interpréter ses informations.
  • « Intuitons » : amusons-nous à laisser parler nos intuitions dans des moments non dangereux. Le sentiment de trouver son chemin lors d’une ballade, d’un parcours en voiture, le feeling « savoir » faire un cadeau ou un geste qui va faire plaisir. Tout ce qui va pouvoir nous conforter en douceur et apprendre à repérer nos intuitions quand elles viennent.
  • Soyons honnêtes : avec nous-même. Restons lucides, évitons les raisonnements compliqués et acceptons que nous puissions parfois nous tromper et parfois avoir eu raison d’écouter notre petite musique intérieure.
  • Amusons-nous : cela doit avant tout rester un jeu, car c’est en jouant que l’on développe le mieux nos capacités. En outre il faut savoir jouer longtemps avant d’écouter une intuition dans une situation décisive.

Pour ma part j’aime à penser que je suis plutôt rationnel. Aussi il est vrai que j’avais tendance à (trop) vite cataloguer les choses que je ne contrôlais pas comme étant le fruit d’une imagination qui me jouait des tours. Toutefois les années passant et des expériences similaires se multipliant j’ai décidé d’adopter une approche plus curieuse et plus à l’écoute de ce genre de phénomènes. Je ne sais pas si, au final, j’ai pu améliorer mon intuition. Cela est sans doute difficilement quantifiable. En revanche j’ai la certitude d’avoir affuté ma capacité « d’écoute » de l’environnement dans lequel je me déplace. Peut-être est-ce une le début d’un chemin ?....

Je laisserai la conclusion de ce petit post à Ralph Waldo Emerson : « les gens ne croient que ce qu’ils sont préparés à voir »….